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Bora Bora : des baleines sollicitées mais respectées

Préambule
Les études réalisées dans le monde entier montrent l’impact de l’augmentation du nombre de personnes dans l’eau et des bateaux dans la zone d’observation, c’est pourquoi Mata Tohora observe les interactions Hommes-Cétacés. 
En Polynésie française, l’activité commerciale d’observation des baleines à bosse a débuté en 1992. Jusqu’en 1995, un seul opérateur pratiquait cette activité. Puis rapidement, à l’instar de la tendance mondiale, l’observation des cétacés dans leur milieu naturel (dit « whale-watching ») s’est développée à Tahiti et Moorea en 2005-2006, avec un « boom » à partir de 2009-2010 et une explosion de bateaux touristiques à Moorea (en 2022, 46 bateaux de prestataires autorisés par la Direction de l’environnement). 
Ce développement a interpellé le maire de Bora Bora qui a demandé une expertise afin de limiter le nombre de bateaux pour éviter une évolution similaire sur son île. 

Etude d’impact éthologique sur les populations de baleines à bosse (Megaptera novaeangliae) pendant la phase de reproduction à Bora Bora (Polynésie française) :
Evaluation de l’impact des activités d’origine anthropique
2022

Réalisée par
Dr BENET Agnès, Biologiste marin
Pour la Direction de l’environnement de la Polynésie française

Mots clés :  Megaptera novaeangliae, whale-watching, pressions anthropiques, gestion, Bora Bora

A Bora Bora, en 2022, le temps moyen d’exposition des baleines aux activités humaines est de 78% pour une journée de 8h à 17 h avec seulement 2 bateaux en moyenne sur l’eau et 4 au maximum. Alors qu’avec une activité humaine, le taux de repos des baleines observées est de 16%, il est de 79% sans présence humaine.

Sur cette île, il apparait que l’approche en bateau est respectueuse des règles du code de l’environnement à 68% et dans l’eau à 75%. Néanmoins, malgré cela, on observe des changements significatifs de comportement indiquant un taux de dérangement de 79% en moyenne sur une journée d’observation. En outre, l’impact est significativement différent avec et sans mise à l’eau pour les baleines observées. Alors que sans mise à l’eau l’impact neutre est de 65%, avec mise à l’eau, ce taux est réduit à 16%. La réponse comportementale prédominante des baleines à bosse étudiées avec la mise à l’eau est la fuite (42%) et 18% sans mise à l’eau.

Les pressions anthropiques (dues à l’activité humaine) sont répertoriées ci-dessous pour les usagers de la mer en bateau à moteur. Aucun jet ski n’a été enregistré dans la zone d’observation.
Le code de l’environnement indique que les déplacements doivent se faire à moins de 3 noeuds dans la zone d’observation (300 m autour des cétacés) afin de diminuer au maximum cette pression sur les animaux.

Extrait de l’étude réalisée pour la DIREN

Toute action implique une réaction. En éthologie, nous étudions donc la réaction des animaux soumis à une pression ici anthropique. 
Comment les baleines réagissent-elles ? Quelle est leur réponse comportementale ? L’étude montre une différence de réaction avec mise à l’eau et sans mise à l’eau, bien que les règles du Code de l’environnement soient respectées à 75% dans l’eau.
Les pressions anthropiques dans l’eau sont :
– Nageurs au milieu du groupe (30%)
– Sauter, s’agiter en surface (20%)
– Bateau se rapproche de la baleine pour mettre à l’eau (20%)
– Poursuivre à la nage (30%)

Extrait de l’étude réalisée pour la DIREN

Sans mise à l’eau, les baleines sont indifférentes à la présence humaine à 47% et dans l’acceptation de la présence du bateau à 18%.
Elles fuient le bateau à 18% = déplacement rapide dans le sens opposé au bateau.

Extrait de l’étude réalisée pour la DIREN

En rouge, la réaction significative des baleines : Déplacement rapide des baleines dans le sens opposé aux nageurs = fuite à 42%.

Extrait de l’étude réalisée pour la Direction de l’environnement, 2022